les témoins de jéhovah et la watchtower analysée par brooklyntower

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 New Février 2014. 1914-2014, encore une gaffe!

Barbara Anderson


Une ex Témoin de Jéhovah a été un témoin oculaire privilégié
de malversations au sein de l'organisation Watchtower.
Barbara Anderson

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Traduction française : Jean-Pierre  février 2008
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Des réactions tardives

Un ancien de ma congrégation a confessé avoir agressé la fille d'une Témoin. Il perdit sa charge d'ancien parce que le père, non Témoin, de l'enfant porta plainte auprès de la police ce qui fit grand bruit. Quelques années plus tard à la suite d'habiles manœuvres l'agresseur  recouvra, contre toute logique, ses privilèges au sein de la congrégation. Il avait réussi à convaincre les anciens qu'il était repentant, alors que selon toute évidence il utilisait le ministère de maison en maison pour rencontrer et étudier la Bible avec des femmes seules ayant des enfants, dans le but d'abuser ensuite de ces enfants. J'envoyais une lettre à la société Watch Tower pour exposer la situation; de plus j'écrivis une missive implorant Lloyd Barry, membre du Collège central (décédé depuis ces événements) d'examiner les faits. Dans ma lettre, je faisais part de mon inquiétude en pensant aux agresseurs engagés dans le ministère de porte en porte en me référant aux agissements d'un pédophile de notre congrégation usant de cette activité pour trouver de nouvelles proies, et déclarais que la participation, d'un agresseur, à cette forme de témoignage  devrait être mise sous restriction.

Pour augmenter mon inquiétude j'appris qu'en dehors des congrégations les noms, y compris celui du repenti, n'avaient jamais été communiqués au public; peut-être certains avaient-ils été mis à la disposition des autorités après un long délai d'attente. Par conséquent ils étaient toujours potentiellement dangereux et susceptibles de continuer d'abuser de nouveaux enfants, ce que certains n'ont pas manqué de faire. Lorsque j'ai visité, en 1994, le quartier général de la Watch Tower, je parlais brièvement avec Lloyd Barry de ma lettre pour laquelle il n'avait jamais accusé réception.

Et contrairement au changement espéré dans la politique à l'égard des agresseurs, ces derniers purent continuer dans le ministère et retrouver leur position d'autorité si ils se montraient repentants.  Je compris cependant que la décision à propos de ces situations devenait difficile et avait des ramifications. La complexité et la portée de la situation de tous les enfants abusés sexuellement au sein de l'organisation prenaient des proportions énormes.  Mais quant aux enfants, envers et contre tout, ils continuèrent d'être abusés par leurs agresseurs Témoins, et comme je le savais, je décidai de mettre fin à cette situation. Je fus heureuse d'apprendre que le recours à des thérapeutes, en vue d'atténuer les effets à long terme subis par les enfants victimes d'agressions sexuelles, n'était plus considéré avec dédain comme c'était le cas en 1992 et 1993. Toutefois,  en décembre 1994 on en revint à un point de vue des plus rigides comme cela avait déjà été le cas pendant le cours de l'Ecole du Ministère du Royaume. Il avait été dit, durant le cours, aux anciens que les accusations portées contre un Témoin pour donner suite à la mémoire refoulée ne sont plus admissibles pour entreprendre une action judiciaire. Il avait été précisé qu'en l'absence du témoignage de deux témoins oculaires de l'agression, et de l'abandon automatique de l'accusation, il ne serait pas pris de sanctions ni d'excommunication prononcée.

Je me rappelle combien je me suis sentie inquiète, dans la période s'étendant de 1993 à 1997, à propos de ces règles de confidentialité. Je me suis ouvertement exprimée auprès de mes amis du département de la rédaction au sujet de l'aveu d'agresseurs paraissant repentant, au sein de ma congrégation et qui continuaient de prendre dans leurs bras des bébés ou de tenir sur leurs genoux de jeunes enfants; de plus les anciens ne disaient rien et n'avertissaient pas même les parents. Une lettre du 1er août 1995 adressée à tous les collèges d'anciens, semblant faire suite à mon inquiétude, incita les anciens à faire preuve de prudence vis-à-vis d'anciens agresseurs d'enfants, et attira particulièrement l'attention  "sur le danger évident lorsque ces derniers prennent dans leurs bras des enfants ou les tiennent sur leurs genoux cette lettre suggérait également de ne pas les laisser seuls avec des enfants sans la présence d'un autre adulte".   

Je sais que Harry et bien d'autres essayaient toujours d'être différents. Finalement, en 1997, la société Watch Tower annonça, dans l'article du périodique La Tour de Garde du 1er janvier sous le titre:"Ayons en aversion de qui est mauvais" qu'un homme ayant abusé sexuellement d’un enfant ne remplit pas les conditions requises pour assumer des responsabilités dans la congrégation. L'article précisait également que l'organisation ne protégerait pas l'agresseur des risques de sanctions éventuelles prises par l'Etat. Peu de temps après, Harry et moi discutions par téléphone et il me déclarait qu'il était extrêmement heureux de voir 5 ans de labeur déboucher sur une nouvelle politique empêchant un agresseur même repentant de se voir attribuer une position de responsabilité dans la congrégation. Bien que satisfaite par ces nouvelles règles, j'étais troublée en lisant la phrase suivante: "Si le coupable [l'agresseur] s’avère repentant, on l’encouragera à faire des progrès spirituels, à prendre part à la prédication, [le ministère des Témoins de Jéhovah c'est-à-dire le porte à porte]…" ce qui était exactement le contraire de ce que j'avais exprimé auparavant.

Une loi lacunaire, et une autre inapplicable: celle des deux témoins

A première vue le Collège central semblait avoir progressé en indiquant que quiconque est un agresseur reconnu ne peut plus exercer de privilèges au sein de l'organisation. Ainsi on avait finalement reconnu qu'un ancien agresseur est toujours un agresseur potentiel. Donc, si un agresseur exerce déjà une responsabilité dans la congrégation, il peut en être démis. Les Témoins manifestèrent leur enthousiasme pour la nouvelle politique, pensant qu'ainsi plus aucun agresseur connu ne pourrait obtenir de responsabilité dans la congrégation; le Collège central s'était, à leurs yeux, montré bien supérieur dans la gestion du scandale des agressions d'enfants que les autres églises, en proie à de nombreuses difficultés, à travers tout  le pays.  

Mais très vite une lacune apparut dans le texte de la nouvelle politique. Elle apparaissait dans la phrase suivante: "un homme ayant abusé sexuellement d’un enfant ne remplit pas les conditions requises pour assumer des responsabilités dans la congrégation"; exprimé de cette façon le texte était trompeur et dangereux. Les mots clés ne permettant pas à un agresseur de garder ses responsabilité dans la congrégation sont:"…ayant abusé…". Tout ceci a bien été clarifié dans la lettre du 14 mars 1997 envoyée aux collèges des anciens répondant à la question:" Comment savoir si un homme est un agresseur "ayant abusé"? Notez bien la réponse: "Un individu est peut-être connu, non seulement de la communauté mais également de la congrégation chrétienne, pour avoir été autrefois un agresseur d'enfant". Ainsi on comprend que si la communauté ou la congrégation chrétienne connaît l'homme comme un agresseur, ce dernier ne remplira pas les conditions requises pour exercer des responsabilités, ou le cas échéant sera démis de ses fonctions dans la congrégation. Mais pour qu'un homme soit reconnu comme un agresseur par la communauté, il faut que son cas ait été rapporté à la police, ce qui est rarement le fait des Témoins. Et les lois de confidentialité de la Société rendent impossible la communication d'une information sur un éventuel agresseur, puisque la victime voulant évacuer l'agression en faisant appel à sa mémoire refoulée est priée, par le comité de discipline, de se taire. L'accusé continuera d'exercer ses responsabilités, les anciens allégeant qu'il n'est pas reconnu comme un agresseur.

Bien sûr peu de Témoins lambda ont bien compris la signification des mots "…un homme ayant abusé…" comme cela a été expliqué plus haut –et des anciens dans de nombreuses congrégations ont passé outre l'implication de La Tour de Garde du 1er janvier 1997 et de la lettre de la Société du 14 mars 1997 –mais de quelles façons les congrégations devaient-elles réagir lorsqu'elles apprenaient que des agresseurs d'enfants ont bien été nommés en dépit de leur culpabilité clairement démontrée? Une instruction figurant dans la lettre du 14 mars 1997, envoyée à tous les collèges d'anciens, l'admettait bien involontairement en déclarant:" Le collège des anciens enverra un rapport à la Société à propos de celui qui sert ou qui a été nommé par la Société, à une responsabilité dans votre congrégation et qui est reconnu comme ayant abusé sexuellement des enfants". Cela revient à confirmer le fait que la Société a nommé délibérément des agresseurs à des responsabilités.

Cette lettre, si claire, ajoute en plus: "Quelqu'un a pu se rendre coupable d'agressions sexuelles sur des enfants avant d'être baptisé. Il n'est pas nécessaire de questionner les personnes à ce sujet." A l'heure ou les organisations séculaires et religieuses forment et contrôlent les employés et les volontaires ayant de fréquents contacts avec les enfants, le Collège central ne juge pas nécessaire de questionner individuellement,  sur leur passé, les hommes qui exerceront une responsabilité. C'est pour le moins irresponsable, peut-être même criminel, et peut passer aux yeux des autorités, en cas d'investigations, pour plus grave qu'il n'en paraît.

Découvrons la position officielle de la Watch Tower par la voix d'un de ses représentant; J.R. Brown, porte parole, déclarant à un média allemand, en juin 2002: "Si nous découvrons qu'un individu s'est rendu coupable d'agressions sur enfants il ne pourra en aucun cas servir comme ancien". Maintenant notons ce que déclare une lettre de la Watch Tower envoyée à tous les collèges d'anciens du Royaume Uni, le 1er juin 2001, en citant une exception à cette loi:

"Si la filiale a décidé qu’ [un ancien agresseurs d'enfants] peut être nommé ou peut continuer de servir dans une position de confiance,  parce que le péché a été commis il y a très longtemps,  et que depuis ce temps il a mené une vie exemplaire, il n'est pas nécessaire de faire figurer son nom dans la liste, de même il n'est pas utile de parler du péché passé du frère s’il change de congrégation et ce contrairement aux instructions données par la filiale". (La liste est constituée par la congrégation et porte le titre: "protection des enfants –Psaumes 127:3". La liste contient des données concernant le ou les agresseur (s) repentant (s); ceux qui ont été accusé par deux témoins crédibles ou plus, et ceux qui ont reconnu leur culpabilité devant la cour).

La lettre poursuit en disant: "Il y a, cependant, bien d'autres situations en rapport avec les agressions d'enfants. Par exemple, si il n'y a qu'un seul témoin et que le frère accusé nie les faits. (Deutéronome 19:15; Jean 8:17) Il est peut-être déjà l'objet d'investigations policières à la suite d'une plainte pour agressions sexuelles sur un enfant; l'agression n'a pas encore été clairement déterminée. Dans ce cas et pour des cas similaires on ne portera aucune écriture dans la liste "protection des enfants".

Lorsque je pris connaissance la première fois de cas d'agression sur enfant au sein de l'organisation de la Watch Tower je ne connaissais pas l'enseignement biblique demandant l'attestation de deux témoins pour prouver le péché d'agressions sexuelles. Ce n'est qu'après 1997 que je compris que d'une part cette règle, des deux témoins ayant vu l'agression, protégeait les pédophiles, et d'autre part cette politique représentait un grand danger pour les enfants. Comme l'indique la lettre du 1er juin 2001, si la victime de l'agression ne peut présenter un autre témoin et que l'accusé nie les allégations, l'accusation va être abandonnée et ne figurera pas même dans la liste "protection des enfants". Ainsi les règles de confidentialité continuent leurs effets. Il est conseillé aux victimes de se taire, de ne pas parler de l'accusation au risque de s'excommunier d'elles-mêmes. C'est de cette façon que les agresseurs ont pu et continuent de se cacher et que les enfants sont toujours leurs cibles. Il est nécessaire de changer la stricte application de la loi des deux témoins et la politique de confidentialité en rapport avec les agressions sur enfants.

Les illusions perdues

J'appartenais, en fait, à une organisation dont les membres ne sont pas si différents des gens en général. En surface ils ont l'air différents dans leur approche de la vie; en effet, les Témoins de Jéhovah croient que leur organisation est guidée par Dieu et qu'ils vivent leurs convictions au sein d'une théocratie. Les responsables des Témoins, donc représentants de la théocratie ont édicté toutes une série de règles gérant tous les aspects de la vie des membres, ils ont également émis des règles pour les protéger des mauvaises influences. Malgré leur bon vouloir les responsables des Témoins se sont petit à petit mis à ressembler aux Pharisiens en donnant des instructions pour toutes les situations imaginables. La nouvelle règle des deux témoins mentionnée dans La Tour de Garde du 1er janvier 1997, de même que le commentaire supplémentaire ajouté au manuel destiné aux anciens, Prenez garde a vous-mêmes et à tout le troupeau, ainsi que la lettre du 14 mars 1997 envoyée à tous les collèges d'anciens, et toutes les autres lettres se référant à l'Ecole du Ministère du Royaume, posaient problème car ils rendaient encore plus complexe les cas d'agressions sur enfants. Ces directives écrites dans l'intention de protéger la congrégation chrétienne des agresseurs potentiels, protégeaient en réalité ces derniers. J'espère que cela n'a pas été fait intentionnellement.

En 1992, mon inquiétude au sujet des problèmes posés par les procédures mises en place par la société Watch Tower dans le traitement des cas d'agressions sur enfant, m'empêcha de comprendre que les responsables des Témoins traitaient les accusations d'agressions sexuelles sur enfants de la même façon que d'autres péchés comme la fornication oui l'ivrognerie. Je réalisais que les anciens ne faisaient pas d'enquête à la suite d'allégations pour agressions sur enfants, mais que ce soin était laissé aux autorités car l'agression était un crime –une forme de viol –un point que la Société ne semblait toujours pas être en mesure d'appréhender. Ce que la police tenait pour un crime, était un péché pour les anciens. Ces derniers avaient besoin d'indications dans la manière de procéder pour excommunier quiconque se rendrait coupable d'agressions sexuelles sur enfants, et c'était dans ce seul but que des instructions leur étaient envoyées. Les anciens ne sont pas des magistrats. Même si les autorités reconnaissent l'accusé coupable, deux témoins sont exigés pour déterminer la faute éventuelle et prononcer le cas échéant une excommunication.

C'est en 1998 que je quittais officiellement l'organisation, après m'être effacée depuis quelques années. En mettant de côté mon anxiété je me rendis au collège local pour passer quelques examens et je reçus une bourse, ce qui me donna la force de faire mes premiers pas loin de mes amis Témoins de Jéhovah de par le monde. (Je savais, à coup sûr, que certains me rejetteraient lorsqu'ils réaliseraient que je n'étais plus une des leurs) En fréquentant le collège, je me rendis compte qu'il y avait une vie après la Watch Tower. Cela faisait 39 ans que mon mari et moi étions mariés. Nous n'avons jamais eu de secrets l'un vis- à-vis de l'autre. La confiance et le respect sont le ciment de notre mariage réussi. C'est pourquoi mon mari Joe, accepta mon départ de notre religion car il comprit qu'en toute conscience il m'était difficile de rester associée avec l'organisation des Témoins connaissant les procédures de règlement des agressions sexuelles sur enfant, règles que je considérais comme malfaisantes. Etant une femme je devais garder le silence sur ce mal au risque d'être excommuniée. Ma colère et ma frustration de ne rien pouvoir faire pour aider et protéger les enfants des agressions devinrent un poids que je ne pouvais supporter plus longtemps.

Ma famille proche, Témoin, ainsi que mes amis intimes ne m'abandonnèrent pas. Bien sûr, au début, ils furent consternés par mon choix, mais avec respect ils considérèrent de mon droit de le faire. Finalement deux d'entre eux ont quitté à leur tour l'organisation. En 1997, après 16 années passées au Béthel, mon fils et ma belle-fille désirant avoir des enfants, ont quitté le quartier général. Mon petit fils, Luke, est né en 1999 et comme je n'étais pas exclue nous nous sommes régulièrement vus chez l'un ou chez l'autre. Mon mari était toujours ancien et les autres anciens ne savaient pas pourquoi je m'étais retirée et ne semblaient pas particulièrement pressés de le savoir.  Dans tous les cas je ne disais rien de négatif à l'encontre de l'organisation des Témoins, de ce fait je n'étais pas perçue comme une traîtresse.

Bill Bowen et le site "Silentlambs"

A la fin de l'an 2000 un de mes amis, ancien surveillant de circonscription de la Watch Tower, a vu sur un site de discussion de Témoins de Jéhovah, un message émanant d'un ancien demandant si des anciens s'étaient déjà trouvés dans une situation identique à la sienne; il venait de découvrir que le surveillant président de sa congrégation avait admis avoir agressé sexuellement des enfants quelques années auparavant. La congrégation et la collectivité n'ayant pas eu connaissance de ces faits, seuls deux anciens étaient au courant, l'homme garda sa position au sein de la congrégation. Le message exprimait son souci pour les enfants de la congrégation, y compris les siens.

Mon ami avait pris contact avec cet ancien ce que je fis également.  Ce que je lui ai appris à propos des agressions sexuelles sur enfants au sein de l'organisation fut une révélation inattendue pour lui. Immédiatement nous avons décidé de mettre le public au courant de l'irresponsabilité et de la négligence coupable de l'organisation Watch Tower qui  portait, à cause de ses règlements, la responsabilité d'avoir couvert au niveau international le crime d'agressions sexuelles sur enfant, et d'autre part de convaincre le Collège central de changer ses règlements.  Mais comment pouvions-nous accomplir cette tâche? L'ancien en question, Bill Bowen, décida de renoncer à sa position et rendit public le problème des agressions sur mineurs le 1er janvier 2001. Dans l'Etat du Kentucky, où Bill est domicilié, la couverture médiatique, prit une ampleur sans précédent, à la suite de sa démission de la charge d'ancien, en raison des agressions sexuelles dont sont victimes les enfants de Témoins. Bill et moi-même avons décidé de nommer Silentlambs.org, un site sur Internet que Bill avait ouvert auparavant. Ainsi les Témoins de Jéhovah victimes d'agressions sexuelles par des prédateurs Témoins, pouvaient dorénavant déposer leur histoire sur un site accessible au public. Au bout de quelques semaines il y en avait une centaine, et après 5 ans plus de six mille.

Je ne m'étais pas encore fait connaître du grand public alors que Bill l'avait déjà fait, mais quelques semaines après nous nous trouvions, Bill et moi, en avion pour nous rendre à New York où nous devions être interrogés par les producteurs de NBC qui désiraient préparer un documentaire sur les problèmes d'agressions sexuelles sur enfants pour leur émission nationale de télévision, Dateline. Après avoir vérifié la justesse de nos déclarations, et effectué d'importantes recherches, les producteurs nous contactèrent pour prendre rendez-vous afin de filmer notre entretien pour la télévision. Dans le même temps un des producteurs discuta,  sur la base de nos accusations, avec des responsables de la Watch Tower    qui nièrent catégoriquement. Le passage de l'émission était prévu pour novembre 2001, mais à la suite des attaques terroristes sur les immeubles du World Trade Center, le 11 septembre,  il fût ajourné.

L'excommunication

A la suite d'appels répétés à la NBC afin de savoir pour quelle date l'émission était prévue, l'organisation Watch Tower s'entendit répondre, en avril 2002, qu'elle serait présentée le 28 mai 2002. Sans plus attendre les responsables de la Watch Tower demandèrent aux anciens locaux de mettre sur pied des auditions judiciaires pour nous entendre. Début mai je prouvai aux anciens que je n'étais pas coupable des charges retenues contre moi. Quelques jours plus tard les anciens programmèrent une audition judiciaire avec de nouvelles charges. Je refusai de me rendre à cette audition parce que cela me paraissait inutile –si je n'acceptais pas les charges invoquées; il était évident qu'ils reviendraient avec des accusations différentes. Par conséquent je fus excommuniée le 19 mai 2002 pour avoir suscité des divisions.

D'autres Témoins,  apparus au cours de l'émission, pour dénoncer le problème, furent excommuniés également. Les personnes excommuniées sont généralement perçues comme des pécheurs non repentants et incroyants, la Watch Tower avait agit habilement. Un fait me parut évident; mon excommunication ayant été prononcée avant la diffusion de l'émission, les Témoins qui regarderaient la Télévision ne me croiraient pas.

Ce qui suivit ne manqua pas de me surprendre. La société envoya une lettre datée du 24 mai 2002 à toutes les congrégations des Etats-Unis, avec instruction de la lire dans le courant de la semaine précédant l'émission Dateline. Après avoir entendu la lecture de la lettre contenant un grand nombre de demi vérités sur l'affaire, Joe, mon mari, rendit les clés de la Salle du Royaume et renonça à ses fonctions d'ancien. On lui demanda alors d'envoyer une lettre confirmant sa démission des ses fonctions d'ancien, ce qu'il fit  quelques jours plus tard. Joe en donna un exemplaire à chaque ancien, ainsi qu'à Dan Sydlik et Jack Barr tous deux membres du Collège central. Il envoya également une copie à Robert Johnson du département du service. Une semaine plus tard au cours d'une conversation téléphonique Bob conseilla à mon mari de mieux me contrôler, car j'avais une mauvaise compréhension des règles de la Société. Lorsque Joe essaya de poser quelques questions sur ces règles, Bob lui répondit que ces informations étaient confidentielles. De plus il était extrêmement contrarié que Joe l'ait appelé et la conversation se termina de façon déplaisante.

Joe fut excommunié en juillet 2002 pour avoir causé des divisions. Parce qu'il avait pris ma défense et exprimé son point de vue sur les agressions sexuelles sur mineur, point de vue qui ne correspondait absolument pas à celui de la Watch Tower, Joe n'était plus considéré comme un homme fréquentable. Joe émit des critiques, comme Bill et moi-même à l'égard des instructions données aux anciens sur le processus à suivre lorsque des agressions sexuelles leurs sont rapportées. Joe pensait que les anciens ne devaient pas enquêter eux-mêmes sur l'éventuelle agression sexuelle sur enfants; s'agissant d'un crime cette dernière devait être rapporté par les anciens aux autorités et pas seulement dans les états où la loi en fait une obligation.

Avant que l'émission Dateline ne soit diffusée, les reporters ont demandé à la Watch Tower s’il était bien exact que nous avions été convoqués pour des auditions judiciaires à cause de notre participation au programme. Le porte-parole de la Watch Tower, J.R. Brown nia ces allégations, selon lui les auditions judiciaires ont été tenues localement à la suite de péchés déclarés et non parce que nous avions participé à l'émission. Selon Brown les responsables de la Watch Tower ne savaient pas qui avait participé à l'émission, ce qui était un mensonge de plus. A la question du reporter lui demandant à quels textes la religion se référait pour excommunier des membres, le porte-parole de la Watch Tower cita 1 Corinthiens 5:11, 12 demandant à l'église d'ôter de son milieu tout homme qui commettait la fornication, l'avidité, l'idolâtrie, l'ivrognerie, l'extorsion et était un insulteur. Etant associée à ma dernière congrégation depuis 1998, et n'ayant pas commis ce genre de délit; je me suis décidée de porter plainte pour diffamation, en novembre 2002, contre la Watch Tower bien que cette dernière essaye toujours de tirer à son avantage le système procédurier de la justice. Depuis ces évènements, Bill et moi-même, avons souvent été interrogés par des journalistes et nous profitons de cette publicité pour informer au mieux le public des règles de la Watch Tower protégeant les pédophiles.

Moins de 10 ans sont passés depuis la parution de la lettre dans Réveillez-vous! du 8 août 1993 dans laquelle notre fils chantait les louanges de nos vertus parentales; maintenant il a complètement changé son optique à notre égard et il nous a totalement rejeté depuis notre exclusion à la suite de notre témoignage sur le problème caché des agressions sexuelles sur enfants au sein de l'organisation. Il a déclaré à la presse que je faisais une chose noble en cherchant à protéger les enfants de Témoins; mais il ne pensait pas que j'avais choisi la bonne voie en mettant le public au courant. (Apparemment je n'avais pas respecté le "onzième commandement", le plus important pour les Témoins de Jéhovah:"Tu ne dois jamais colporter de mauvaises choses de l'organisation en public.")

Peu après la diffusion de l'émission Dateline mon fils et sa femme se sont rendus à New York pour entendre, personnellement, l'opinion des responsables de la Watch Tower, sur cette affaire. On leur a dit que je n'avais pas compris les règlements de la Société et qu'à cause de mes actions, des milliers de personnes avaient quitté l'organisation, délaissé la Bible et abandonné Dieu. Comme elles se sont éloignées des Témoins de Jéhovah elles perdront la vie à Har-Maguédon et cela par ma faute, oui je devais être considérée pour cela comme responsable de leur mort. Mon fils et ma belle-fille ont choisi de croire ce que les responsables leur ont dit et depuis ce jour là ils ne m'ont plus adressé la parole. Cela fait plus de 3 ans que nous n'avons plus revu notre fils, notre belle-fille et leur jeune fils, notre seul petit-fils. Si nous envoyons du courrier, ou un paquet contenant un jouet pour notre petit-fils, cela nous est toujours retourné non ouvert.

Un nouvel engagement

Quand je repense à ma vie depuis mon baptême comme Témoin de Jéhovah à l'âge de 14 ans,  je suis émerveillée par le chemin parcouru. Mon unique désir, à cette époque, était d'aider les personnes à comprendre les mystères de la vie comme l'enseignaient les Témoins de Jéhovah. Maintenant je n'entretiens plus l'illusion que les mystères de la vie puissent être expliqués, ou que l'association des Témoins de Jéhovah soit une religion bienveillante.

Bien que l'un de mes plus chers amis, Harry Peloyan, m'ait comparé à "Judas" pour avoir rendu public le problème des agressions sexuelles sur enfant au sein de l'organisation des Témoins, je vais continuer mon engagement, le reste de ma vie, de partager mes expériences de témoin oculaire privilégié. J'espère que mes paroles aideront les gens à comprendre les secrets cachés de cette organisation religieuse, une religion qui a été très adroitement dirigée par son Collège central depuis 1881. Je fais connaître la vérité de cette manière; afin de pouvoir aider d'autres personnes sincères de ne pas faire le même choix malheureux qui m'a conduit à être un témoin oculaire de la malhonnêteté.

Barbara Anderson,

1er mai 2006

La règle des deux témoins est toujours en vigueur au sein des congrégations des Témoins de Jéhovah. Aux Etats-Unis dans le cas d'une accusation d'agression rapportée au collège des anciens, ces derniers désignent un des leurs pour prendre contact avec le département juridique de la Watch Tower Bible and Tract Society, à New York. C'est une exigence de la Watchtower depuis 1989. Un représentant du département juridique demande à l'ancien le nom de l'Etat de domicile de la congrégation. L'ancien lui précise si la congrégation se trouve dans un Etat exigeant la levée "du secret de la confession", les anciens (ou le clergé) dans ce cas sont tenus de rapporter l'accusation d'agression sexuelle auprès des autorités. Les anciens vont encourager les parents ou le mineur abusé de porter plainte auprès des autorités, dans le cas où la famille n'accomplit pas cette démarche, les anciens déposent eux-mêmes la plainte. Avant la diffusion de l'émission Dateline, du 28 mai 2002, exposant le problème des agressions sexuelles sur mineurs au sein de l'organisation des Témoins,  les anciens habitants dans un Etat obligeant le clergé de rapporter les cas d'abus sur enfant ne dénonçaient pas auprès des autorités les abuseurs même lorsque les parents ou le mineur s'en étaient abstenus.

Mais si l'agression est perpétrée dans un Etat où le clergé n'est pas tenu de dénoncer le cas d'abus, les anciens, selon les instructions reçues, vont informer les parents ou le mineur victime d'agression sexuelle de cette situation. Les anciens restent neutres et laissent les parents ou la victime rapporter l'agression aux autorités.  Les instructions, précises, de la Watch Tower demandent aux anciens de ne pas encourager, ni décourager les membres de la famille Témoin de rapporter l'agression. Ainsi, lorsque la famille ou la victime choisit de ne pas aller dénoncer l'affaire à la police, rien ne transpirera, à moins qu'un ancien ne le fasse secrètement. Mais comme dans de nombreux cas l'abuseur n'est autre que le père de la victime. Laisser aux parents le soin de porter plainte ou non revient, d'une certaine manière, à se voiler la face.

Avant la diffusion de Dateline les parents Témoins ne voulaient pas reporter d'agressions par peur de jeter l'opprobre sur "l'organisation de Jéhovah." Cette attitude n'était pas exceptionnelle bien au contraire. Par exemple, Bill Bowen a enregistré un avocat Témoin du quartier général lui déclarant que l'Etat de domicile de Bill  n'exigeant pas le report automatique de cas aux autorités, Bill se devait de rester neutre et de ne pas encourager, ni décourager les accusateurs de porter plainte auprès des autorités. De plus le représentant de la Société recommanda à Bill de placer la situation entre les mains de Jéhovah, afin de lui laisser le soin de régler ce problème délicat.

Ainsi un pédophile Témoin soi-disant repenti ayant confessé sa faute, ne risque pas d'être démasqué dans un Etat ne demandant pas de dénonciation automatique, si la famille ou la victime ne porte pas plainte auprès des autorités.  Les règles de confidentialité sont une garantie contre toute révélation d'agression au sein de la congrégation. Trop souvent des pédophiles se déclarant repentis ont continué de perpétrer des agressions, au sein de la même congrégation, protégés par la règle de confidentialité.  

Sans tenir compte de la décision des parents de porter ou non plainte auprès des autorités, les anciens continuent d'utiliser la règle des "deux témoins" afin de déterminer s’il convient d'excommunier l'accusé. Si l'accusé nie les faits et qu'il n'y a pas deux témoins de l'agression (deux témoins, soit la victime plus un témoin oculaire), il ne sera pas excommunié. L'excommunication n'est prononcée que lorsque la règle des deux témoins peut s'appliquer. Cependant,  si "une repentance sincère" est démontrée l'agresseur ne sera pas excommunié. Dans tous les cas, la victime et les parents n'ont pas la permission de mettre au courant de l'agression les autres familles de la congrégation.

Depuis la diffusion de Dateline les parents Témoins sont plus enclins de rapporter toutes agressions aux autorités. Cependant, même si les parents ont rapporté l'agression à la police, l'accusé arrêté, et sa culpabilité prouvée, l'excommunication ne sera pas prononcée si la victime ne peut pas présenter aux anciens un témoin de l'agression. Récemment un agresseur a été libéré après avoir purgé plus de 5 ans de prison, mais il n'a jamais été excommunié parce que la victime n'a pas pu satisfaire à la règle des deux témoins. Durant son incarcération et après sa mise en liberté l'agresseur a été traité comme un innocent, par les anciens s'entend. La réaction du comité formé d'anciens considérant l'accusé innocent ne facilita pas la tâche des enquêteurs de la police.

Aux Etats-Unis les agressions sexuelles sur mineur sont considérées comme un crime. Les parents ne doivent pas se préoccuper de l'action des anciens et doivent aller dénoncer l'agression aux autorités, car la loi fédérale des Etats-Unis l'exige, même si la loi d'un Etat ne le demande pas. Mais il semble que la Watch Tower n'est pas tout à fait d'accord. Voici ce que déclare la Tour de Garde du 1er août 2005 à la page 14:

" À notre époque aussi, le viol est un crime passible de lourdes peines. La victime a parfaitement le droit de signaler l’agression à la police. Ainsi, les autorités compétentes pourront punir l’offenseur. Si la victime est mineure, les parents se chargeront des démarches."  Cette directive de la Watch Tower montre clairement que la dénonciation est envisagée comme une option même si le crime a bien été commis.

 

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